Une balade automnale

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Vient le temps de remettre une couche de crème solaire, de s’offrir une des dernières gorgée d’eau fraiche restant dans la gourde et de rebâter les sacs pour quitter le voisinage surprenant des bosquets de graminées aux têtes blondes qui trônent par ici, et de reprendre en sens inverse le sentier qui nous a menées ici.
Cette fois, c’est face à la vallée ouverte et face à l’astre solaire que nous marchons.
Nous longeons les mêmes parois… sous un éclairage différent.
Nous recroisons les mêmes cascades… et d’autres.
Nous recroisons les mêmes rocs tentateurs… et d’autres.
Nous revoyons les mêmes sorbiers isolés, les mêmes groupes de résineux au vert sombre, les mêmes bosquets forestiers fauves ou roux… et découvrons d’autres merveilles comme ces bébés saules à la pousse improbable sur un mini tapis de mousse coincé dans une faille minuscule d’un rocher imposant.

Nous décidons de profiter du sentier rive gauche que nous n’avons pas pris ce matin, pour découvrir différemment les derniers kilomètres qu’il nous reste. L’occasion de découvrir que mes compères randonneuses-chamois sont aussi de la race des singes aventuriers…
Pour passer rive gauche, il y a normalement un joli pont suspendu de câbles et de bois… Sauf que vu le niveau des eaux, les passages à gué sont multiples tant en amont qu’en aval et que rejoindre le chemin d’en face est une promenade d’enfants.
Oui, mais voilà : le pont suspendu est lui aussi en fin de saison et il manque un certain nombre (beaucoup !) de plateformes de bois… Il n’en faut pas plus pour tenter les miss d’une traversée acrobatique et aventureuse d’équilibristes ! Sans filin de sécurité, avec un lit de caillasses (sèches !) en guise de tapis de réception… elles m'ont rejointe de l'autre côté, sans souci.

Rive gauche.
Nous découvrons encore d’autres cascades aux filets réduits.
Nous apprécions marcher sur un tapis herbeux plus moelleux que le sentier caillouteux.
Nous sommes rattrapées par l’ombre induite par le soleil déclinant derrière les parois occidentales.
En levant la tête, en nous retournant, nous redécouvrons les glaciers suspendus et premières neiges de l’année, nous surprenons l’arrivée de quelques franges nuageuses blanches autour des sommets…

Le retour sous le couvert forestier nous offre quelques belles images colorées, le feuillage étant à ce moment très esthétiquement mis en valeur par les rayons dorés quasi-horizontaux qui baignent cette fin d’après-midi. Le petit lac, quant-à lui, ne reflète plus que la silhouette sombre et élancée des résineux dans un jeu d’ombres chinoises et filets d’argent non moins appréciable à la vue.

Derniers pas sur le sentier crissant de feuilles colorées…
Derniers regards vers les sommets aux parois calcaires encore ensoleillées mais de plus en plus cachés derrière le coton blanc teinté de rose des nuages qui se promènent et tendent à s’accumuler…
Les gourdes sont vides, les polaires sont repassées, les visages et yeux sont rougis de soleil, la voiture est repérée, les pieds retrouvent avec plaisir une fraicheur et une certaine liberté de mouvement dans des chaussures plus souples autorisant la conduite.

Le retour routier se fait face à l’ouest, d’abord arrosé de soleil couchant.
Après avoir quitté les filles, il se fera en solitaire et en mode nocturne, via les routes plutôt rectilignes de la large vallée et de plaines, très fréquentées de tous ceux qui ont travaillé et rentrent chez eux. Cette circulation, cette populasse que j’ai su éviter ce matin, je n’y coupe pas ce soir.
Tant pis. Parce que c’est ravie, avec plein de belles images en tête et les poumons gonflés d’air pur, que je rentre de cette belle balade automnale.